Alain Nadaud

On vous l’a affirmé plusieurs fois ici, ce blog n’est pas destiné à faire de la critique littéraire, le Tenancier de céans n’ayant plus la fatuité requise pour imposer un quelconque point de vue sur ses plaisirs personnels. L’âge venant, on devient humble, sans doute, ou alors lucide, en estimant que le rôle de gourou ne nous convient guère. Toutefois, le métier du dit Tenancier est de vendre des livres et de ressentir toujours cette sorte de communauté entre lecteurs des mêmes ouvrages ou à tout le moins de quelques univers connexes. Cela passe également par des non-dits, ou alors par quelque inflexion guère perceptible pour qui n’a pas lu ce qui était sur cette voie précise, à un moment précis. Et, au fait qui a lu Alain Nadaud ? Je veux dire, qui connaissait donc cet auteur avant que je lui en parle, que ce fut un client ou bien alors un proche ? Ceux-là, si je m’en souviens, se comptent sur les doigts de la main. Pourtant l'auteur n’est point si confidentiel, son œuvre est étendue et riche…
Et pourquoi me mets-je à en parler à brûle-pourpoint ? C’est qu’Alain Nadaud vient de sortir un nouvel ouvrage qui s’intitule « D’écrire j’arrête ».
On ne s’étendra pas ici sur les raisons de cet « arrêt », se bornant à reporter le lecteur à la parole de l’écrivain ici même.
De mon côté, on exposera quelques couvertures de livres glanés ici et là dans ma bibliothèque personnelle, inventaire très lacunaire puisque certains livres ne furent jamais rendus, ou bien peut être volés. Cette exposition épargnera par ailleurs bien de pénibles dissertations.
Qu’importe. Il est des auteurs qui vous donnent des raisons de continuer de lire, d’autres qui vous donnent également des raisons de continuer d’écrire. Certains encore, vous laissent l'envie de chercher dans leur œuvre et de viser à une sorte de complétude, mais point trop pressée, l'assouvissement s'accompagnant du plaisir de la rareté et de l'attente, comme lorsque l'on monte à l'escalier.

Voici un hommage analogue à celui qui avait été fait pour Jacques Abeille...

Brisure

Brisure, s. f. Suspension momentanée de travail accordée aux compositeurs des journaux vers le milieu de leur besogne. Au Rappel, la pige dure six heures avec une brisure d'une demi-heure à dix heures. La grande brisure est la cessation définitive du travail, le journal étant achevé.

Eugène Boutmy - Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

Compilateur ! Compilateur !

Que serait le livre sans les compilateurs et les bibliographes, je vous le demande ? S’il suffit de taper dans un réverbère pour avoir une averse de grantécrivains en devenir ou bien alors une chiée de grands critiques lus par trois personnes, bien plus rare est le maniaque de la recension, l’héroïque archiviste des frasques livresques. Si, donc, il n’est pas rare de voir des émules de Proust ou de Céline (lire avec trémolos, s’il vous plaît !) à compte d’auteur il n’est pas vraiment certain que nous découvrions dans ces proscratinateurs de la pensée un soupçon de conscience de ce qu’est le livre, en définitive. Pour ceux-là, le livre n’est que le support de leurs petites et mauvaises habitudes qu’ils appellent style, écriture et pour les plus culottés : œuvre
Tenez : prenez donc le cycle que nous entretenons ici même depuis plusieurs mois autour des 10/18. N’avez-vous pas conscience que cette lente accumulation de titre et de couvertures pouvait être autre chose qu’une énumération vaguement « hype » - et à ce titre reprise par des blogs plus ou moins branchouilles – que, pour ceux qui exposent ces couvertures, il s’agit d’autre chose et bien plus qu’une collection, comme une sorte de génie qui s’incarne dans l’accumulation ? Car, mes p’tits gars, ce n’est pas la simple compilation de 10 couvertures dans un billet qui fait l’intérêt de cela mais bel et bien la lente accumulation de ces billets. De cette lenteur, de cette prudence volontaire, nous ressentons progressivement ce qu’est l’esprit du lieu, de la collection, comme si une trame reconstituée finissait de nous donner la fresque. Mais le tableau n’était pas complet sans la patience énorme, l’esprit de méticulosité qui s’est emparé d’une de nos lectrices qui, sur son propre blog, a entrepris la recension des couvertures, leurs dates d’impression, etc., de nos 10/18. A cette trame à laquelle je faisais allusion, voici désormais que nous obtenons une sorte de vibration contenue dans la liste elle-même, comme cette narcose hautement suggestive qui nous prend lors de longues énumérations, moment où l’esprit n’est plus aussi rationnel que la liste qu’on lui énumère pendant ce temps. Mais, une liste, est-ce bien rationnel ?
René Ehni
Bret Easton Ellis
Friedrich Engels
John Fante
John Flanders
Vertige de la liste, donc, vertige bâti sur du sable mouvant puisque la liste n’est pas close et que peut, par exemple, s’insérer un nom entre Engels et Fante et qu’il nous faudrait alors reconsidérer le télescopage qu’il procure.
Remercions ici Adria Cheno qui nous a donné ce travail sur son blog. Elle nous a autorisé à nous servir de celui-ci, mais nous allons patienter car d’autres billets sur le sujet sont en devenir et nous espérons qu’elle voudra bien compléter son labeur. En attendant, nous considérons cela comme une véritable œuvre onirique, cette série de chiffres, de dates, de noms comme un hommage aux énumérations botaniques de Verne, aux classements à la Perec, création ou l’on s’étourdit bien plus que dans la prose de nombre de tâcherons…

Briser

Briser, v. intr. Mettre bas, cesser le travail. Se dit particulièrement dans les commandites.

Eugène Boutmy - Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

Nos 10/18 (15e partie)

A l'occasion de la parution du billet de George Weaver, j'avais suggéré la chose suivante dans les commentaires : "Il ne me reste donc plus qu'à faire un appel vibrant aux lecteurs de ce blog pour les convier à un petit jeu : Rassemblez tous vos 10/18, sélectionnez-en (pas plus de 10) et expédiez-m'en les scans de couverture, histoire de faire une sorte de panégyrique de la collection ! [...] "

Ô ksé bô !
C'est au tour de Jacques Barbaut. Même qu'il a mis un mot.
(Et pour barbOtage, c'est )

Descartes : Discours de la méthode
n° 1
pour le crâne, pour le premier

Michel Butor : La Modification
n° 53
pour la Stazione Termini de Rome

Boris Vian : L'écume des jours
n° 115
pour Colin, Nicolas, Chick, Chloé (& toute la 'Pata)

William Burroughs : Nova express
n° 662
pour la came, le cut

Nouveau Roman : hier, aujourd'hui - 1. Problèmes généraux - 2. Pratiques
n° 720 & n° 725
pour deux mains

Georges Bataille : Histoire de l'oeil
n° 781
pour Hans Bellmer & Madame Edwarda

Colloque de Cerisy - La production du sens chez Flaubert
n° 995
pour Bonnefis (temps du perroquet à la fac)

Colloque de Cerisy - Duchamp
n° 1330
parce que

Georges Perec : Les choses
n° 1426
pour cette « histoire des années soixante »

Philip K. Dick
n° 3034
pour l'ubiquité

Il est toujours temps d'envoyer votre propre liste... Ne soyez pas trop pressés.
(Note à D.H. : la prochaine fois, c'est votre tour, si vous me renvoyez vos fichiers - petit problème de traitement...)

Briquet (Battre le)

Briquet (Battre le). V. Battre,

Eugène Boutmy - Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883